Je pense quand tu écoutes

d'après Peter Kline

Présentation

Sans doute l'une des principales barrières à une pensée de qualité est que l'on a rarement l'occasion d'aller au bout de cette pensée. Pour aller au bout de notre pensée, nous avons besoin d'être écouté sans interruption. Mais en général les gens nous interrompent pour discuter, essayer de nous aider, nous donner les mots ou les idées qui semblent nous manquer. C'est cela qui empêche la pensée d'aller jusqu'au bout de sa pensée : derrière les silences, les hésitations, il y a peut-être une idée importante qui cherche à s'exprimer.

Cette activité permet d’explorer cette manière d’écouter, où l’on donne la possibilité à la personne d’aller jusqu’au bout de sa pensée.

Durée

environ 30 minutes, avec le débriefing

Nombre de participants

Minimum 2, pas de maximum. En cas de nombre impair de participants, l’animateur peut participer à l’activité.

Matériel

Chronomètre


Déroulé

Cet exercice peut se faire assis en face à face, et/ou en marchant à l'extérieur (voir variantes).

Définir le contexte

  • Demander aux participants pourquoi il est important d’avoir une bonne capacité d’écoute, dans leur travail ou dans leur vie personnelle. Faire une liste de leurs idées sur un tableau de papier.
  • Puis leur demander de trouver des exemples de mauvaise écoute, en détaillant précisément ce qui se passe et pourquoi l’écoute est de mauvaise qualité.
  • Mettre en évidence (si cela n’a pas été dit par les participants) que certains types de conversation ne permettent pas à l’autre d’aller jusqu’au bout de sa pensée et de ses idées.
  • Expliquer aux participants que l’activité suivante va leur faire découvrir des clés d’une meilleure écoute.

Expliquer les règles

Règles générales

  • se répartir en groupes de deux, si possible avec une personne que vous connaissez peu ou pas ; chaque paire s’assied où elle veut, dans un coin de son choix dans la salle ;
  • décider de celui qui parlera en premier, et de celui qui écoutera en premier ;
  • établir la confidentialité de ce qui sera dit ;
  • préciser le temps alloué (2 minutes à chaque fois) ;
  • prévenir que vous donnerez le thème de parole dès que tout le monde sera prêt ;
  • prévenir que les rôles seront échangés à l’issue des 2 premières minutes.

Règles pour celui qui écoute

  • celui qui écoute reste en silence complet pendant les 2 minutes ;
  • celui qui écoute doit regarder celui qui parle ;
  • celui qui écoute peut exprimer des choses de manière non verbale : sourire, hochement de tête, etc.

Règles pour celui qui parle

  • aucune règle particulière ;
  • celui qui parle peut regarder où il veut ;
  • celui qui parle peut garder le silence s’il le veut : les silences font partie de la parole, cela permet au cerveau de mettre en place ses idées.

Lancer l’activité

Proposer le thème de parole, d’abord pour le premier round puis ensuite, sans transition, un thème différent pour le deuxième round.
Les thèmes doivent être assez généraux et pouvoir donner l’occasion à n’importe qui de s’exprimer sans préparation.

Débriefing

Cette brève activité peut être suivie d’un débriefing riche et intéressant. Pendant ce débriefing, l’animateur prendra bien garde de suivre les règles d’écoute de l’exercice, lorsque des participants s’exprimeront.

Il pourra s’aider des questions suivantes :

  • Comment vous sentez-vous après cette activité ? Encouragez les participants à partager leurs sentiments, leur intérêt ou leur malaise.
  • Qu’avez-vous remarqué pendant l’activité ? Est-ce difficile d’écouter sans parler ? Est-ce difficile de parler sans être interrompu ?
  • Que pouvez-vous tirer, d’une manière pratique, de cette activité ? Dans votre vie professionnelle ? Dans votre vie personnelle ? Notez sur le tableau de papier des principes généraux d’action que l’on peut tirer de l’activité.
  • Une fois que ce principe d’écoute est bien intégré, est-il intéressant et/ou nécessaire de garder un temps fixe (par exemple 2 minutes) ?
  • Cet exercice est-il facilement transmissible à des personnes ayant une mauvaise qualité d’écoute ? Comment faire pratiquement ?
  • Comment adapter cet exercice dans des cultures différentes (par exemple lorsqu'il est malpoli de regarder son interlocuteur) ?
  • Et si…

   -  la durée de l’exercice avait été de 1 minute ? de 5 minutes ?
    - vous aviez été trois personnes, ou plus ?
    - les sujets avaient été plus banals ?
    - les sujets avaient été reliés à des situations d’urgence ?

Variantes

  • Cet exercice peut se faire en marchant. Comme celui qui écoute ne peut pas regarder celui qui parle, il sera attentif à la manière de marcher de celui qui parle (vite, lentement, hésitations, stops) et s’y conformera au mieux.
  • Cet exercice peut être utile lorsque deux personnes sont en conflit sur un sujet (au travail, en couple, avec ses enfants, etc.), en y rajoutant une règle, tirée des techniques de médiation : chacun, après avoir écouté, commence son temps de parole en disant, avec ses propres mots, ce qu’il a compris de ce qu’a dit l’autre.
  • Un groupe, par exemple de 10 personnes, peut utiliser cette manière de faire sur un même sujet fixé. Après chaque round, chacun dit au groupe ce qu'il a appris de l'autre sur le sujet. L'animateur garde trace de cela sur un tableau de papier. Pour le tour suivant, on change de partenaire.